Tuesday 16 May 2017

5 poètes, 5 poèmes

Et pour finir l'année, 5 poètes à connaître, 5 poésies à savoir ou au moins à avoir entendu :

- de Robert Desnos, pour connaître ses pluriels en -OUX :




Les hiboux

Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur leurs genoux.

Leurs yeux d’or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux, point de genoux !

Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?

Hou ! Hou !
Pas du tout, c’était chez les fous.




- de Paul Verlaine, alors prisonnier en Avignon :


Impression fausse

Dame souris trotte 
Noire dans le gris du soir, 
Dame souris trotte, 
Grise dans le noir.
On sonne la cloche :
Dormez les bons prisonniers,
On sonne la cloche :
Faut que vous dormiez
Pas de mauvais rêve : 
Ne pensez qu'à vos amours 
Pas de mauvais rêve : 
Les belles toujours !
Le grand clair de lune !
On ronfle ferme à côté
Le grand clair de lune
En réalité !
Un nuage passe, 
Il fait noir comme en un four, 
Un nuage passe, 
Tiens le petit jour !
Dame souris trotte, 
Rose dans les rayons bleus, 
Dame souris trotte, 
Debout, paresseux !





- d'Arthur Rimbaud, un sonnet en alexandrins écrit à 16 ans, peu après la guerre franco-prussienne de 1870, par celui qui deviendra plus tard l'homme aux semelles de vent :


Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.




- de Victor Hugo, en souvenir de sa fille Léopoldine noyée accidentellement, ce poème touchant écrit le 3 septembre 1847 :




Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.



- de Paul Eluard, ce poème écrit en 1942 comme une ode à la liberté, face à l'Occupation de la France par l'Allemagne :




Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.




- De Paul Eluard, sur la

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